La librairie La mauvaise herbe, installée depuis l'été 2022 à Eymet en Dordogne, vient de rejoindre le réseau LINA pour notre plus grand bonheur ! Sara Ghazali nous présente en quelques mots son parcours de libraire et sa jolie librairie qui a rapidement trouvé son public dans la petite ville.
La librairie a ouvert il y a un peu plus de six mois, en juin 2022, en Dordogne dans la petite ville d’Eymet qui rassemble moins de 4000 habitants. C’est une création, la ville ne possédait pas de librairie, et c’est super de se rendre compte qu’elle manquait, le public répond vraiment présent depuis son ouverture !
J’ai fait le choix d’ouvrir cette librairie après onze ans d’expérience de libraire en salariat et trois ans de formation en librairie. Je suis passée par un DUT et une licence pro avant de faire mes classes dans des librairies généralistes et indépendantes, à la librairie La Colline aux livre à Bergerac pendant huit ans, puis quatre ans à travailler entre la librairie Montaigne, toujours à Bergerac, et la librairie Des livres et nous à Périgueux. Après cette expérience, j’avais une idée assez précise de la façon dont je voulais exercer ce métier, et quel meilleur moyen que d’ouvrir sa propre librairie pour le faire exactement tel qu’on le souhaite !
La mauvaise herbe est une librairie généraliste, tous les rayons y sont représentés, mais tous les livres présents ici ne sont pas là par hasard, des choix ont été faits en suivant les grands axes de la librairie : l’écologie, le féminisme, le social, l’autonomie pour le rayon pratique notamment. La librairie possède aussi un rayon en langue anglaise qui s’adresse à la clientèle anglophone installée dans la région, avec une sélection littérature, jeunesse, sciences humaines, etc.
J’ai choisi de devenir libraire dès mes quatorze ans, et j’ai tout mis en place depuis pour aller dans cette direction. C’est le goût du livre, de la lecture, qui m’a donné envie d’exercer ce métier. Mais s’il faut aimer les livres, il faut aussi aimer les gens pour être libraire.
La lecture est un outil formidable pour accompagner les lecteurs.rices dans leur parcours, je crois beaucoup en la bibliothérapie, au soin par les livres. Souvent, des personnes entrent dans la librairie en nous parlant de leurs problèmes et en cherchant un moyen, une lecture pour le surmonter, l’oublier, passer à autre chose. Une relation de confiance se construit alors et c’est grâce à elle qu’on peut faire du conseil, surprendre, accompagner, ou soigner.
Je dirais que c’est L’attente du soir de Tatiana Arfel, aux éditions Corti, qui est un très beau roman autour de trois personnages en mal d’attention et d’amour. Les trois voix s’entremêlent et leurs lignes de temps ne sont pas les mêmes, on se demande alors pendant toute la lecture s’ils vont #nir par se rencontrer, c’est assez surprenant.
Je pense aussi au livre À la table de Yasmina, de Maruzza Loria et Serge Quadruppani paru aux éditions Métailié. C’est un très beau livre de conte qui raconte l’histoire de Roger Ier, comte normand qui a conquis la Sicile au XIème siècle, pendant les Croisades. Celui-ci veut faire exécuter le prince Omar qui a comploté contre lui. Mais la soeur de ce dernier, la princesse Yasmina, va tenter de le convaincre d’y renoncer en l’invitant à sa table lors de sept repas durant lesquels elle lui racontera sept histoires d’amour, sous toutes ses formes. C’est une très belle langue, vraiment dépaysante, et le livre comprend en plus toutes les recettes préparées par Yasmina au comte.
Je viens de finir Le royaume désuni de Jonathan Coe publié chez Gallimard, une histoire formidable qui donne des clés pour comprendre la situation géopolitique de la Grande Bretagne. Nous suivons une famille pendant soixante quinze ans, de la fin de la Seconde guerre mondiale à la veille du confinement britannique. Et qui dit famille dit points de vue politiques, situations sociales et orientations sexuelles différentes, et donc autant de perceptions de tout ce qui a pu se dérouler dans ce pays en tant d’années. On y découvre par exemple les détails de la guerre du chocolat, un conflit entre les producteurs de chocolat anglais, belges et français, ou encore les débuts de journaliste de Boris Johnson.
J’ai découvert l’association pendant mon expérience à la librairie La Colline aux livres à Bergerac, les liens étaient étroits avec LINA puisque Colline, l’ancienne propriétaire de la librairie, était alors présidente de l’association. J’ai donc pu comprendre son fonctionnement et faire la connaissance de l’équipe.
Faire partie de cette association représente une opportunité de créer plus de lien avec d’autres libraires alors que nous exerçons un métier qui nous isole un peu les un.e.s des autres, c’est un moyen de questionner notre manière de travailler et de la confronter à celles d’autres professionnel.le.s. C’est aussi évidemment un accès aux événements et aux communications mis en place par l’association. C’est une association que j’apprécie et dans laquelle je me reconnais.
Crédit photo : LINA et Ludovic Schmitt
