Chaque mois, nous vous proposons de (re)découvrir une maison d’édition installée en Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec l’AENA (Association des éditeurs de Nouvelle-Aquitaine). Ce mois-ci, partez à la rencontre des éditions L'atelier de l'agneau.
La fondatrice de la maison d’édition, Françoise Favretto, a répondu à nos questions :
Publier la poésie contemporaine, des traductions, parfois des genres qui s’en éloignent un peu mais toujours très littéraires ; choisir parmi les nombreux textes reçus ceux qui sont personnels, à l’écriture singulière, pour la revue L’INTRANQUILLE ou pour les livres, lieux d’édition complémentaires.
C’est plutôt le travail sur le texte qui m’intéresse. L’auteur qui se confie ou qui écrit spontanément est rarement de nos choix éditoriaux.
Nous n’avons pas de charte graphique, aucune couverture ne ressemble à une autre, on crée plutôt un objet. Des artistes différents y participent.
Nous avons une collection qui publie le premier livre d’un auteur, c’est une découverte à chaque fois, donc. Mais nous publions aussi au moins le deuxième livre. Nous recherchons une originalité, une personnalité, une écriture.
Un jour de grisaille ou de mauvaise humeur, la boite aux lettres offre un manuscrit qui enchante, une confiance stylée est donnée à l’éditeur, qu’il nous faut recevoir et si cette écriture donne du plaisir, ce jour-là, c’est un moment unique, qui pousse à ne pas se décourager en excluant des questions économiques. C’est la force de l’Art.
Mickaël Berdugo a publié seulement deux livres avant Le squelette joueur. Un livre de poèmes courts qu’il lit en public ; à la suite, il improvise des poèmes en fonction de son environnement. Il ne prépare rien, il part à zéro pour environ 10 minutes.
Cela n’emprunte pas au slam, c’est un autre concept. Il reste dans la droite ligne de sa manière d’écrire mais il DIT sur place. Ces « performances » sont spécifiques et souvent enregistrées en vidéo pour conserver quelque chose de ces moments où il parle de lui, il touche à des sujets philosophiques autant qu’anecdotiques et souvent, fait sourire par une certaine tendresse et son bestiaire original. Dernièrement, son corps participe, il se balance, saute et court et tombe, surprend. Il peut être grave ou humoristique.
C’est la continuité qui m’intéresse. Depuis plus de vingt ans, la librairie OMBRES BLANCHES à Toulouse achète tout ce qui sort de nos presses et ne fait aucun retour, livres et revues. Un exemple !
1. Quand c’est possible, je commande plusieurs publications à imprimer à la fois afin de réduire la pollution par les véhicules (ce sont des livraisons en camionnette).
2. Mon imprimeur a le label Imprim’vert.
3. Pour éviter le gaspillage, les tirages sont renouvelés. On évite à présent les gros stocks. Ne pas gaspiller peut éviter la faillite. Bon pour la planète, bon pour nous.
4. On se déplace en train pour aller aux salons du livre, pas en voiture.
Continuez le travail, faire connaître la poésie contemporaine dont on dit tout le temps qu’elle n’a pas de lectorat, ce qui n’est pas vrai puisque, avec nos ami.e.s éditrices et éditeurs, nous la publions depuis des dizaines d’années. Que de nouvelles maisons d’édition se créent, que les anciennes tiennent beaucoup à ne pas lâcher leurs auteurs ni les liens établis.